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Actualité des sapeurs-pompiers

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Détecteurs d'incendie : attention à vous!

Proposé par : admin Le 07/01/2007 à 12:50

PréventionPSYCHOSE Des dizaines de milliers de détecteurs de fumée renfermant de l'américium 241, un poison radioactif, fonctionnent encore en Suisse romande. Vous ne risquez rien, à condition toutefois de ne pas démonter l'appareil.



Selon certains scientifiques, l'avenir des voisins de la centrale nucléaire de Tchernobyl serait encore moins radieux que le passé. Le plutonium 241, qui s'est échappé de la centrale, se transforme en américium 241 «incomparablement plus dangereux». Le plutonium 241 n'a qu'une demie vie de 14,4 ans, l'américium 241 subsiste 432,7 ans! Ce danger ne menace-t-il que les Ukrainiens et les Biélorusses? Détrompez-vous, nous partageons nous aussi notre vie quotidienne avec la même source radioactive. Au-dessus de nos têtes, dans les lieux publics, dans les entreprises, dans les hôtels, et chez de nombreux particuliers, des détecteurs de fumée (ou détecteurs d'incendie) contiennent de l'américium 241. Il s'en est vendu 1,3 million dans toute la Suisse, et les derniers détecteurs ioniques resteront en activité jusqu'en 2015.

Le détecteur ionique utilise la radioactivité afin de déceler la présence de fines particules en suspension dans l'air, invisibles à l'oeil nu. Certes, la quantité d'américium est infime: un seul gramme (dont le coût dépasse 1800 francs) permet de fabriquer plus de 5000 détecteurs. Il n'empêche, ce poison radioactif, s'il est inhalé ou ingéré, est encore plus toxique que le polonium 210, qui a envoyé dans un monde meilleur l'ancien espion russe Alexander Litvinenko. En clair: vivons-nous dangereusement sans le savoir?

«Une personne qui resterait 24 heures sur 24 pendant une année entière sous un détecteur de fumée recevrait un millième de la valeur limite de dose. Le danger est totalement négligeable. En revanche, il y a bien évidemment un risque si une personne ingère de l'américium 241 après avoir non seulement démonté le détecteur, mais libéré cette source radioactive qui est scellée à l'intérieur», souligne Sébastien Baechler, chef du groupe de radioprotection de l'Institut universitaire de radiophysique appliquée à Lausanne. Pour cet expert membre de la Commission fédérale de la protection contre les radiations et de surveillance de la radioactivité, un tel comportement semble fort peu probable.

Une quarantaine de détecteurs dans une poubelle

Sauf si le détecteur de fumée tombe en panne. Un bricoleur ne risque-t-il pas de le manipuler, ignorant tout de sa radioactivité? A moins que l'appareil ne soit carrément jeté à la poubelle sans aucune précaution. Une quarantaine de détecteurs d'incendie contenant de l'américium 241 ont ainsi été retrouvés dans une benne de chantier à La Chaux-de-Fonds en 2005 ! «Il ne faut surtout pas le jeter comme si c'était un déchet ordinaire. Le propriétaire d'un détecteur doit informer son fournisseur, qui se chargera de l'élimination correcte», prévient le docteur Werner Zeller, de l'Unité principale radioprotection et produits chimiques à l'Office fédéral de la santé publique. Même discours de la part de Sébastien Piguet, directeur du Bureau d'investigation sur le recyclage et la durabilité (BIRD) à Prilly: «Un détecteur contenant de la radioactivité ne doit ni se démonter, ni finir dans un incinérateur». Encore faut-il le savoir.

Siemens, le principal fournisseur de détecteur de fumée (90% du marché suisse), rappelle la rigueur de la loi: tout propriétaire d'un détecteur ionique doit renvoyer le matériel hors d'usage au fabricant, qui le détruira dans les règles dans son usine de Volketswil, près de Zurich. «D'ailleurs, nous avons cessé la production de détecteurs ioniques en 2002. A notre clientèle, nous proposons de remplacer le matériel utilisant de l'américium 241 par une nouvelle technologie faisant appel à l'optique», assure Benno Estermann, patron des relations publiques de Siemens à Zurich.

Personne ne maîtrise la fin de vie des détecteurs ioniques

En théorie, tout va pour le meilleur des mondes non pollué. Malheureusement l'exemple de La Chaux-de-Fonds montre que Siemens ne maîtrise pas totalement la fin de vie de ses détecteurs ioniques. Il suffit d'un changement de propriétaire, ou de la faillite d'une société, pour que des appareils radioactifs disparaissent dans la nature.

Jetés dans une benne de chantier!

Dans une lettre adressée à Siemens le 9 février 2005, le Service de l'hygiène et de l'environnement de La Chaux-de-Fonds signale que des détecteurs d'incendie contenant de l'américium 241 «ont été amenés à notre service par un particulier qui les a récupérés dans une benne du chantier à la rue de la Serre 40 à La Chaux-de-Fonds, un immeuble en transformation ayant été occupé par l'entreprise Engelhard-Clal puis pour quelques mois par Cendror Sa». Le particulier en question s'appelle Serge Grandjean, il est préparateur en géologie. «En deux fois, j'ai récupéré une quarantaine de détecteurs d'incendie qui avaient été jetés sans précaution. Imaginez qu'un gamin bricoleur les démonte ou que ces détecteurs passent dans un incinérateur!», s'inquiète Serge Grandjean. Un drame a peut-être été évité. Mais combien d'autres produits hautement toxiques finissent dans les poubelles, dans le canton de Neuchâtel ou ailleurs? «C'est la faillite d'une entreprise qui a provoqué cette rupture dans le suivi de ces détecteurs d'incendie», explique Paul-Etienne Montandon, du service de l'hygiène et de l'environnement, cosignataire de la lettre envoyée à Siemens.

Source : Le Matin Online - IAN HAMEL

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