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Canton de Fribourg touché par de violents orages

Proposé par : admin Le 12/08/2004 à 17:29

118 ExpressUn vent violent et très localisé, peut-être une mini-tornade, a soufflé le toit de deux maisons, mardi soir à Massonnens (FR). Une vingtaine d’habitations ont perdu des tuiles dans la tempête. L’orage a aussi sévi dans le reste du canton, à Fribourg notamment.


Mini-tornade, tourbillon ou bourrasque démesurée: quelle que soit sa forme, c’est un vent d’apocalypse qui a soufflé mardi soir vers 22 h 15 à Massonnens. Né à la lisière de la forêt de Berlens, qu’il a ravagée, le phénomène s’est déchaîné sur un kilomètre environ pour se dissiper à l’autre extrémité du village, à quelques centaines de mètres de l’auberge communale. Sur son parcours, aucun blessé, mais une vingtaine de maisons au toit malmené, dont deux lourdement: celle de la famille Menétrey, au lieu-dit Les Côtes, et celle de la famille Ayer, à deux pas de l’église.
Aux Côtes, la désolation est complète. Une partie de la toiture de la maison, chevrons compris, a été projetée à plus de 100 mètres. Sur un rayon d’une cinquantaine de mètres, les pommiers, les noyers et les pins ont été déracinés ou brisés comme du petit bois. Un tilleul plusieurs fois centenaire s’est couché sur la route et sur le four à pain, désormais en ruine. Et le couvert de la fontaine n’est plus qu’un tas de débris. «J’ai retrouvé mes affaires dans le champ», ajoute Gilbert Menétrey, qui vivait dans les combles. «J’ai pourtant eu de la chance! Le couvercle de la cheminée est tombé dans mon lit, mais je n’étais pas couché.»

Eponger et se relever
Lui et ses parents, qui recevaient de la famille, étaient en effet à table lorsqu’ils ont entendu le vent forcir, puis une sorte de grêlement: «C’était nuit, on ne voyait rien, explique Gilbert Menétrey. En plus, l’électricité a été coupée. On a voulu sortir pour voir, mais le vent était si fort qu’on a renoncé. A deux, on n’arrivait même plus à fermer la porte entrouverte.» «Il y a eu un bruit terrible, poursuit Colette Ansermet, sa sœur. On a senti la pression de l’air augmenter et j’ai cru que tout allait éclater, que c’était la fin du monde. Mais le tout n’a duré que deux minutes: on n’a pas eu le temps d’avoir peur, ni même de penser à s’éloigner des fenêtres et à se protéger. On attendait que ça s’arrête.» C’est seulement le calme revenu que Gilbert Menétrey a constaté que le toit, qu’il venait juste de rénover, avait disparu. «Un crève-cœur…»
«Quand on voit la quantité de débris qui valdinguaient, c’est incroyable qu’il n’y ait eu aucun blessé», témoigne de son côté Patrice Ayer, à l’autre bout du village. Avec sa mère et son beau-frère, il a entendu les plaques d’Eternit de son toit «partir» une à une. Des plaques qui pèsent entre 17 et 20 kilos selon le couvreur, et que l’on a retrouvées à plus de cinquante mètres de là, près du cimetière. Du coup, la pluie torrentielle – il est tombé 40 litres par mètre carré durant la nuit, selon un météorologue amateur de Berlens – s’est infiltrée aussi bien au premier qu’au rez-de-chaussée de la maison. En attendant l’arrivée de l’expert, la famille tentait hier de nettoyer, en évoluant entre les meubles couverts de plastiques et sur des tapis gorgés d’eau.

Sapeurs à l’œuvre
L’intervention des pompiers a cependant largement limité les dégâts. Une dizaine d’hommes du Centre de renfort (CR) de Romont ont bâché la maison des Côtes, tandis qu’une vingtaine de sapeurs du corps local se sont affairés dans le reste du village durant la nuit, pour bâcher la maison Ayer et pour replacer les tuiles des maisons touchées. «C’était un travail difficile, puisqu’il n’y avait pas d’électricité et que les toits étaient disloqués, commente le major Philippe Mauron. Mais nous avions déjà connu une mini-tornade à La Joux, l’année passée, avec des dégâts moindres.»
«La situation aurait pu être catastrophique», signale le syndic Willy Schorderet. La grue du chantier de l’auberge communale et de l’abri PC n’a pas bronché. Par contre, nous devrons dresser un constat des dégâts subis par l’auberge.» En attendant, un mouvement de solidarité se dessine-t-il à Massonnens? «Chacun essaie maintenant d’arranger sa maison, poursuit le syndic, dont le domicile a aussi été touché. Mais les pompiers seront actifs ce jeudi encore, ce qui est déjà un signe. Et la commune est à la disposition de ceux qui auraient besoin d’aide.»
Quant au montant des dommages, il était encore inconnu hier en fin d’après-midi: «Il me faudra encore un bon jour pour faire le tour des maisons», expliquait Christian Thévenaz, vice-président de la commission d’estimation de l’ECAB.

Tornades insaisissables
Les tornades représentent un phénomène plutôt rare en Suisse et en Europe. Pour en savoir plus, La Gruyère a joint par téléphone un spécialiste de la question, Lionel Peyraud, prévisionniste auprès de Météosuisse.

– Pensez-vous que le phénomène qui a touché mardi soir la région de Massonnens était une tornade?
Il est très difficile de pouvoir l’affirmer si aucun témoignage ne l’atteste. Mardi soir, tous les éléments étaient réunis pour favoriser le développement de phénomènes locaux tels qu’une tornade. Mais des vents unidirectionnels ou descendants peuvent également causer des dégâts importants.

– Qu’est-ce qu’une tornade exactement?
Une tornade est une sorte de tuba qui descend d’un nuage jusqu’au sol. Elle provoque des dégâts localisés. Pour qu’elle puisse apparaître, plusieurs facteurs doivent être réunis. D’abord, il faut une instabilité atmosphérique et de l’humidité, qui vont provoquer un orage. Ensuite, il doit y avoir un cisaillement du vent avec l’altitude: plus on monte, plus le vent horizontal forcit. A cela s’ajoutent des phénomènes locaux, comme la topographie du lieu. Mais le processus exact de formation n’est pas connu. Donc si personne sur place n’a pu voir le tuba, il est difficile d’être certain qu’on a affaire à une tornade.

– Le phénomène est-il prévisible?
Très difficilement. De plus, comme dans notre région, elles sont rares, personne n’est aux aguets pour les signaler, ce qui est le cas dans les régions les plus souvent touchées par ce phénomène aux Etats-Unis. Là-bas, des observateurs renseignent les services météo au moindre signe. Les radars peuvent aussi être complémentaires.

– Comment faites-vous alors?
Nous connaissons les situations météorologiques à surveiller. Les prévisions d’hier (n.d.l.r.: de mardi) avisaient la population que des orages violents pouvaient survenir au nord des Alpes, avec des possibilités de grêle. Mais il nous est impossible de prévoir où et quand ces orages vont éclater.

– Existe-t-il d’autres moyens pour savoir si les dégâts causés à Massonens ont été provoqués par une tornade?
Des images des dégâts faits aux arbres peuvent donner des indices. Une tornade déchiquette les troncs par ses forces de torsion. Aux Etats-Unis, des prévisionnistes se rendent également sur place pour un constat, en Suisse pas forcément. Même si là il est possible qu’un prévisionniste se rende sur place par curiosité.

Sophie Roulin | La Liberté

Cinquante annonces de sinistres

Le violent orage qui s’est abattu sur le canton de Fribourg mardi soir a provoqué des inondations et des courts-circuits. L’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments indique qu’une cinquantaine de particuliers ont annoncé des sinistres. «Les dégâts devraient être de l’ordre de 200000 francs, estime Pierre Ecoffey, directeur de l’ECAB. C’est moins, en tout cas, que la grêle du 22 juillet, qui a provoqué 850 sinistres annoncés dans le nord du canton, soit 3 millions de dégâts.»
La Centrale d’engagement et d’alarmes de Granges-Paccot a reçu une trentaine d’appels entre 21 h 20 et minuit et demi. Les pompiers du Centre de renfort de Fribourg et des communes de Villars-sur-Glâne, Massonnens, Farvagny, Ursy, Marly, Givisiez, Ecuvillens, Chénens, Cottens et Villarimboud ont dû intervenir.
En ville de Fribourg, une grande partie du quartier du Schönberg a été plongée dans le noir durant quarante minutes. La foudre a provoqué un court-circuit sur un disjoncteur privant un millier d’abonnés d’électricité, explique Patrick Koller, responsable médias auprès des Entreprises électriques fribourgoises.
Dans la vallée du Gottéron, en Vieille-Ville de Fribourg, des éboulements de terre ont en partie recouvert à minuit vingt la route près de la buvette des Trois-Canards, sur environ 200 mètres. Les services de la voirie de la capitale ont passé une bonne partie de la matinée d’hier à dégager la chaussée.

 

 

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